2016/06/25

Les "pseudo-mythes" de l'université gratuite : un gâchis social qui au bout du compte produit l’exclusion des plus fragiles

Pour ceux, tant aux États-Unis qu'en Europe, qui préconisent l'université gratuite pour les USA en imitant les Européens pour créer la société parfaite, la réalité en Europe peut parfois sembler tant soit peu différente.

Dans Le Monde, en la période de seulement quatre mois, on a vu des articles sur le débat entre le rattrapage et le contrôle continu, l'intervention des politiciens dans le choix de la priorité des élèves, si les études servent effectivement à intégrer le monde du travail, etc, etc, etc… Voici un extrait :
L’idéalisme républicain cultive ses mythes dont celui, bien ancré dans notre société, qui consiste à faire croire à chaque bachelier que, quelles que soient ses compétences, il pourra accéder à toutes les filières universitaires et y réussir
Ainsi écrivent Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d’université (CPU) et Gilles Roussel, président de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, en dénonçant les conditions d’accès des futurs bacheliers dans les filières « sous tension »
La réalité est toute autre !

Doit-on continuer à accepter ce gâchis social en se cachant derrière un pseudo-mythe de l’égalité, qui au bout du compte produit l’exclusion des plus fragiles ?

Ces jours-ci en effet, les futurs bacheliers prennent connaissance, via l’opaque système Admission post-bac (APB), des résultats d’affectation aux formations. Pour celles dites « en tension », parce qu’elles sont très prisées par les étudiants, la sélection prend la forme d’un tirage au sort !

A l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, par exemple, la moitié des 130 places disponibles en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) vient d’être affectée en une journée seulement, alors que près de 2 000 futurs étudiants ont demandé, dans cet établissement, cette formation en premier choix.

Une hérésie

Qui peut comprendre que l’accès à des filières « en tension » se fasse sans prendre en compte les compétences des bacheliers, leurs résultats scolaires et/au baccalauréat ? Personne.

Qu’une admission dans une filière universitaire se fasse au hasard et non pas sur les qualités des candidats est une hérésie et ne peut que ternir l’image de l’université et de la qualité de ses diplômes. D’ailleurs le ministère, dans un accès de franchise inédit, le reconnaît en se félicitant d’avoir pu éviter le tirage au sort en médecine et en droit.

Face, d’une part, à l’augmentation du nombre de bacheliers choisissant l’université (100 000 de plus en trois ans) qui va continuer, et d’autre part, à la baisse des dépenses publiques par étudiant, il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités.

Il est illusoire de croire que l’augmentation du nombre de places dans les filières « en tension » pourra à lui seul résoudre le problème : ce qui doit guider la programmation des capacités d’accueil ce sont les débouchés et les capacités d’insertion professionnelle des étudiants.

Droit au langage de vérité

Il est irresponsable de laisser croire à un lycéen qu’il peut s’inscrire dans la filière de son choix sans aucun prérequis et sans se soucier de son insertion professionnelle à terme ! Qui peut croire qu’un jeune peut réussir en langues sans avoir un bagage conséquent acquis durant ses années de lycée ? Ce n’est pas parce que le droit n’est pas (encore) enseigné au lycée que cette matière est accessible sans de solides bases de culture générale, en français ou en méthodologie !

On ne repart pas de zéro en accédant à l’université, on y consolide ses acquis pour acquérir de nouvelles compétences. Les lycéens et leurs familles ont droit à la transparence et au langage de vérité.

Finissons-en une fois pour toutes. Le tirage au sort est une vaste hypocrisie doublée d’une profonde injustice à l’égard des étudiants. Le gouvernement doit donner les moyens financiers aux universités d’augmenter les capacités d’accueil des filières à haut potentiel d’insertion et leur permettre d’orienter les bacheliers en fonction de leurs compétences et de leurs projets professionnels.

Cette orientation et les moyens qui l’accompagnent doivent mener une part de plus en plus importante de jeunes vers des études supérieures et permettre leur insertion professionnelle, aux bons niveaux de responsabilité et de rémunération.