2013/11/17

C'est le monde à l'envers : « Ce soir, je mange des french fries »


C'est le monde à l'envers
écrit Corine Lesnes dans Le Monde et sur son blog
Après l'échec des négociations de Genève sur le programme nucléaire iranien, samedi 9 novembre, les néoconservateurs américains n'ont pas assez de louanges pour la France, alors que certains défenseurs de l'administration Obama sont remplis d'amertume envers « le plus vieil allié » des Etats-Unis pour avoir fait capoter l'accord par son « intransigeance ».


« Dieu soit loué pour la France », a déclaré le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham sur CNN. « Les Français sont en train de devenir de très bons leaders sur le Proche-Orient. » Ce n'est pas la première fois que M. Graham, qui fait partie des faucons républicains, prend le parti de la diplomatie française. Fin octobre, lors du dîner annuel de l'ambassade de France à Washington en l'honneur de Raymond Aron, il a exprimé plus de sympathie pour les pays alliés ayant fait l'objet d'écoutes de la NSA que n'en a jamais fait l'administration.

John McCain, l'ancien candidat à la Maison Blanche, a lui aussi rendu hommage à la position française. « La France a eu le courage d'empêcher un très mauvais accord avec l'Iran », a-t-il salué, sur Twitter, avant d'ajouter en français : « Vive la France ! »

Dès la fin de la session à Genève, l'un des pratiquants de la première heure du french bashing de 2002-2003, ex-porte-parole de la délégation américaine lors de la bataille sur l'Irak à l'ONU, Rick Grenell, a lancé un mot d'ordre : « Ce soir, je mange des french fries [des frites]. » Avant de se féliciter : « Contrairement à Obama et Kerry, la France ne veut pas adoucir les six résolutions précédentes sur l'Iran. »

"DEAL DU SIÈCLE" POUR LES IRANIENS ?

 … Le républicain Bob Corker a regretté que l'administration ait « toujours l'air prête à se jeter dans les bras des gens » au risque de « diminuer nos moyens de pression ».
C’est quand même fou, qu’à chaque fois que les faucons ou les « néo-conservateurs » (houlà, quelles expressions à vous faire peur!) (ré)agissent d’une manière ou d’une autre, on doive les décrire par des phrases pleines d’émotion (ébahir « Tous ceux qui ont arpenté les couloirs de l’ONU en 2002-2003″, « s’est pris de passion pour l’Hexagone », etc), suggérant que ce sont des badauds…

Personne ne semble se dire que les néo-conservateurs aient — tout simplement — pu faire (je ne dis même pas « ont fait ») preuve d’intelligence, de bon sens et — surtout — de consistence, et cela tout au long de leur présence sur la scène américaine :

• En 2003, disaient-ils (à l’attention de Chirac), les démocraties doivent s’unir face aux dictatures sanglantes et aux forces de l’obscurantisme ;

• En 2013, disent-ils (à l’attention d’Obama), les démocraties doivent s’unir face aux dictatures sanglantes et aux forces de l’obscurantisme

Rien d’inconsistent (ou d’effrayant) là-dedans…

N’est-ce pas ?