2013/10/30

No We Can't : Barack Obama n'est plus cool, il est froid

Lorsque Barack Obama a été élu, en 2008, l'Europe a été saisie d'un furieux accès d'Obamania
écrit Sylvie Kauffmann dans Le Monde.
Longtemps, le président américain a conservé de l'autre côté de l'Atlantique une popularité bien supérieure à celle de la moyenne des dirigeants européens, même lorsque sa cote s'effondrait auprès de ses propres concitoyens. Obama ne ressemblait ni à Angela Merkel ni à Nicolas Sarkozy. Obama était un président cool.

Cet été, l'image a basculé. Le président du « yes we can » est devenu celui du « yes we scan ». Sur les dessins de presse, de grandes oreilles lui ont poussé. Ce n'est pas -– pas encore -– la répulsion qu'a pu inspirer son prédécesseur, George W. Bush, mais le charme s'est évaporé. Privé du talent d'Hillary Clinton, Barack Obama n'est plus cool, il est froid.

 … Sommé de se justifier par les chefs d'Etat et de gouvernement du Brésil, du Mexique, de France ou d'Allemagne, tous des pays amis, le président cool n'a cherché ni à s'excuser ni même à s'expliquer.

CONFIANCE « GRAVEMENT TROMPÉE »

A vrai dire, Barack Obama ne compte plus les dirigeants amis qu'il s'est mis à dos. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, est furieux de sa politique iranienne et le fait savoir à Washington. Egalement inquiets de l'ouverture vers l'Iran, les Saoudiens sont furieux de la politique syrienne des Etats-Unis et boudent sérieusement sous la ghutrah blanche. Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, est furieuse d'avoir été mise sur écoute et a annulé sa visite à Washington.

Cruellement déçus par la défection de Barack Obama au sommet de Bali il y a deux semaines, les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est n'ont toujours pas compris comment le président du pays le plus puissant de la planète, qui leur chante le retour de l'Amérique dans l'Asie-Pacifique depuis quatre ans, renonce à une tournée de la première importance à cause de problèmes budgétaires.

David Cameron et François Hollande ont beaucoup de mal à digérer la désinvolture avec laquelle Barack Obama les a traités dans la crise syrienne, eux qui sont bravement montés au créneau mais ont compris un peu tard que les Etats-Unis préféraient traiter directement, et seuls-s'il-vous-plaît, avec Vladimir Poutine. Et voilà maintenant Angela Merkel, l'alliée la plus placide, la première de la classe, qui se met en colère.

 … la déception n'en est que plus profonde. Elle ne fait plus confiance à Barack Obama.

 … politiquement et commercialement, la perte de confiance provoquée par la gestion du dossier NSA par l'administration Obama fera plus de dégâts que le dernier Conseil européen.