2013/01/18

Edwy Plenel : "S'attaquer à la gauche, c'est toujours plus difficile"


En France, et en Europe, comme aux États-Unis, une fois qu'ils sont au pouvoir, la gauche n'aime généralement pas être soumise à la transparence et à la morale qu'elle réclame quand ses membres étaient dans l'opposition.

Et les médias non plus, toujours prêts à accuser un droitiste des pires méfaits, des pires insinuations, tout en ignorant, minimisant, ou ridiculisant la vaste majorité des charges envers quelqu'un de gauche (charges qui, pour la plupart, en fait se retournent contre les attaquants, de droite ou autres, puisqu'ils prouve(raie)nt la perfidie de ces derniers).

Ainsi, l'affaire "qui empoisonne le gouvernement et déchire les médias", selon Le Monde, et qui implique l'un des leaders de ces socialistes moralisateurs qui, tout en imposant 75% d'impôts aux citoyens riches, profiteraient des comptes de banque en Suisse.

Quand même un ex-militant d'extrême gauche est en droit de se plaindre — "S'attaquer à la gauche, vous verrez, c'est toujours plus difficile" — on se dit que c'est du sérieux.

"D'un côté, un site d'informations qui fait des révélations sur un compte en Suisse", écrivent Emeline Cazi et Ariane Chemin dans Le Monde."De l'autre, un ministre qui nie en bloc."
Jérôme Cahuzac, qui a déjà vu le Conseil constitutionnel "retoquer" la fameuse tranche d'imposition à 75 % à laquelle tenaient tant les socialistes, signe ses parapheurs dans son bureau Empire de Bercy lorsque la nouvelle tombe : six semaines après que Mediapart l'a accusé d'avoir détenu un compte bancaire non déclaré en Suisse, qu'il aurait transféré en 2010 à Singapour, le parquet de Paris annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "blanchiment de fraude fiscale".
 
Une procédure contre un ministre qui vient de déposer plainte pour diffamation, voilà un cas franchement "inédit", s'étrangle Jérôme Cahuzac.  "C'est comme une coloscopie", soupire l'ancien chirurgien viscéral en se préfigurant les prochaines "fouilles" de sa vie et de son intimité. Vite, pourtant, le ministre reprend ses esprits. Marion Bougeard, sa communicante d'Euro RSCG, fait partir un bref communiqué où il affiche sa "satisfaction" : "Cette démarche permettra (...) de démontrer sa complète innocence."

Paradoxalement, le président de Mediapart, Edwy Plenel, fait aussi contre mauvaise fortune bon cœur : lui aurait "préféré qu'on nomme un juge indépendant". Seule conviction partagée : pour le journaliste comme pour le ministre, c'est une nouvelle manche qui commence.

 … L'affaire Cahuzac est aussi devenue une affaire Mediapart. Radio, télés, et même Le Canard enchaîné critiquent les méthodes du site. En tête, Jean-Michel Aphatie, chroniqueur politique sur RTL. Le 24 décembre, Jean-Michel Aphatie (105 000 followers) tweete sa "demande au Père#Noël : les preuves du compte suisse de #Cahuzac que #Mediapart a soignement cachées #journalisme farceur". Réponse de Fabrice Arfi (20 800 followers) : "Vous voulez pas plutôt un calepin, un stylo et une carte Navigo pour prendre un peu l'air frais du terrain ?"

L'échange potache masque à peine la guerre au couteau où se règlent vieux contentieux contre Edwy Plenel, le plus célèbre des enquêteurs français (117 000 followers), se devinent les querelles de génération, et ou s'affrontent "commentateurs" et "investigateurs" – eux-mêmes plus que divisés. "Jusqu'ici on a vu au moins autant d'insinuation que d'investigation", accuse ainsi l'ancien complice d'Edwy Plenel au Monde Hervé Gattegno dans sa chronique sur RMC, comme pris d'un "certain malaise".

" sont les preuves, sont les preuves ? (...) Où, où, où, sont-elles ?", intime Pascale Clark face à l'ex-directeur de la rédaction du Monde,  sur France Inter. "Les preuves ! Les preuves !", s'acharne aussi Jean-Michel Aphatie, ancien collègue d'Edwy Plenel au quotidien du soir.
 …

LA PARANO DE JÉRÔME CAHUZAC ET DE MANUEL VALLS

Edwy Plenel avait prévenu ses troupes après la présidentielle: "S'attaquer à la gauche, vous verrez, c'est toujours plus difficile." Dans ce bras de fer engagé contre un ministre de François Hollande, le journaliste veut offrir  la preuve de son indépendance.

Les anciens strauss-kahniens, eux, voient au contraire dans cet "acharnement" une occasion pour l'ex-militant d'extrême gauche de régler des comptes avec ces rocardiens honnis depuis toujours, et davantage encore depuis qu'ils sont devenus "sarko-compatibles" et "sociaux-libéraux".

Déjà, en octobre, Manuel Valls s'était arrêté sur le portrait qu'avait brossé de lui Edwy Plenel dans Marianne "ce reniement dont Valls est le nom". Quant à Jérôme Cahuzac, c'est simple, il se voit des ennemis partout, jusqu'à l'Elysée : une vraie paranoïa. Il faut dire qu'il y a de quoi. …

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