2011/09/26

Devoir de réponse

Détail insolite : toute personne citée dans un article, que ce soit en bien ou en mal, est en droit de demander un droit de réponse...
Dans sa chronique du Médiateur du Monde, Pascal Galinier évoque le devoir de réponse (où l'on apprend que le médiateur va se doter d'un blog sur le site Lemonde.fr) :
Le Monde, on s'en doute, en reçoit des dizaines chaque année. Privilège d'un journal dit « de référence »...

Concrètement, le demandeur a trois mois (après la publication ou la première mise en ligne de l'article incriminé) pour faire jouer son droit de réponse, et le journal a trois jours pour le publier s'il le juge recevable, sous peine d'une amende de 3 750 euros. « La réponse à l'article incriminé ne doit pas porter atteinte à l'honneur et à la considération du journaliste, mettre en cause des tiers, tenir des propos contraires à l'ordre public, rappelle l'avocate du Monde, Catherine Cohen-Richelet. Le texte du droit de réponse doit être pertinent, précis, répondre au contenu de l'article, ne pas servir de prétexte à une tribune libre dans le journal... »

En période électorale, la loi se fait plus contraignante. « Le délai de publication est alors ramené à un jour ; sous réserve que le droit de réponse soit parvenu au journal six heures au moins avant le début du tirage », souligne l'avocate. Autant dire que notre journal entre dans une période de turbulences - déjà bien commencée depuis que l'Etat traque les sources de nos journalistes par des moyens légalement discutables...

« Le droit de réponse, c'est la contrepartie de la liberté de la presse », résume sobrement Me Cohen-Richelet. Une belle... réponse à ceux qui pensent - y compris parmi les lecteurs du Monde - que la presse s'autorise tout et n'importe quoi, qu'elle abuse de sa liberté...

Au-delà de ce tant redouté droit de réponse légal, une autre revendication semble en train d'émerger. Elle émane du simple lecteur. Ceux qui nous écrivent paraissent en attente d'une sorte de « droit à la réponse ». Les plus anciens rappelleront ce que disait Hubert Beuve-Méry : « Toute lettre mérite réponse. » De fait, jusqu'en 1995, Le Monde s'imposait de répondre systématiquement dans ses pages à tout courrier publié, qu'il relève ou pas d'un droit de réponse légal. A tel point que cette pratique était devenue au fil des ans emblématique de l'arrogance reprochée au quotidien, qui s'arrogeait « toujours le dernier mot », disait-on alors. Elle fut donc supprimée.

Mais voilà. Aujourd'hui, avec Internet, « l'arrogance » n'est plus dans le fait de répondre... mais dans l'absence de réponse !