2011/08/20

Des « mini-brothers » grignotant les libertés civiles et publiques élémentaires comme celles du droit à la vie privée et à la présomption d’innocence

Les mouvements sociaux des deux-roues auraient ravi Tocqueville
écrivait Jean-Gustave Padioleau dans Libération déjà en 2004, moins d'une année après l'installation des radars (la seule chose que je reproche au professeur associé à l’université Paris-Dauphine, c'est d'évoquer l’Etat "sarkozyste" — quand Nicolas Sarkozy était au Ministère de l'intérieur — comme si on pouvait imaginer que les socialistes, si c'était eux qui avaient été et qui étaient au gouvernement, avec leurs idées d'écologistes, auraient fait différemment).
Les actions des motards, pour s’en tenir à cet exemple, concrétisent l’« action en commun » des associations dans laquelle De la démocratie en Amérique voyait une garantie de liberté pour contenir la tyrannie démocratique des majorités et de l’opinion.

L’associationnisme des motards demande à être soumis au test du « spectateur impartial » décrit dans la Théorie des sentiments moraux d’Adam Smith. Le père de la « main invisible du marché » surprend. Vous et moi, affirme Smith, sommes capables de juger les motards, non pas simplement en fonction de nos intérêts égoïstes et communautaristes d’automobilistes mais aussi eu égard aux valeurs universelles et justes du libéralisme politique républicain.

Les associations de motards sont affranchies de fils à la patte partisans et libres de l’arrosage en subventions. Les motards prennent la parole, montent des dossiers, manifestent, interpellent les gouvernants.

Cet entrepreneuriat libéral républicain n’étonne guère. …

…Like it or not, les motards sont là, dans notre société démocratique. Ce sont, comme tout un chacun, d’abord des citoyens titulaires de droits et de devoirs.

… Discrètement, l’Etat sarkozyste met en place des « mini-brothers » nationaux et locaux (PV automatiques, radars, interconnexions de fichiers - fisc, assurances, patrimoine, identification personnelle, etc.), grignotant les libertés civiles et publiques élémentaires comme celles du droit à la vie privée et à la présomption d’innocence.

Conjointement, l’Etat sarkozyste accentue l’opacité des nouvelles boîtes noires électroniques de coercition fiscale qui se généralisent (péages routiers et urbains, amendes, équipements obligatoires des véhicules...) - et en particulier de l’usage qui est fait de ces ressources.

Ensuite, l’Etat sarkozyste abuse les Français lorsqu’il les culpabilise individuellement, les rendant seuls responsables de maux collectifs - l’insécurité routière par exemple. Cette désinformation permet de faire silence sur les responsabilités de l’Etat : une éducation à la conduite obsolète, des permis de conduire beaucoup trop chers et compliqués à l’excès ; des routes par trop souvent d’un autre âge en matière de sécurité et chichement entretenues.

Enfin, l’Etat sarkozyste affectionne les coups d’éclat d’un interventionnisme réglementaire arbitraire - l’allumage des codes en toutes circonstances -, fût-ce au prix de ne pas réfléchir un tant soit peu aux exigences environnementales et énergétiques à long terme d’un développement durable raisonnable.

Nos coups de gueule d’automobilistes sont compréhensibles. Mais les motards tocquevilliens roulent aussi pour nous !

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