2011/05/27

Radars : deux semaines de cacophonie à droite — "le gouvernement continue de nous prendre pour des cons"


Tandis que le Télézapping conclut par un tonitruant "Il faudrait un radar pour décrypter la communication du gouvernement", Eric Nunès revient dans Le Monde sur "deux semaines de cacophonie à droite".
Les députés frondeurs de la majorité qui s'étaient opposés à un durcissement des règles de sécurité routière ont immédiatement réagi : "le gouvernement continue de nous prendre pour des cons", résume sans détours Yannick Favennec, député UMP de Mayenne, sur son compte Twitter.

… Le gouvernement n'est alors pas sans ignorer l'impopularité de ces mesures au sein de sa majorité parlementaire. En février, une poignée de parlementaires avait obtenu, dans le cadre de la Loppsi 2, un net allègement des contraintes du système de permis à points. Les délais de récupération automatique sont ainsi passés de trois ans à deux ans en cas de retrait de plusieurs points et d'un an à six mois pour les infractions d'un seul point. "Cessez d'emmerder les Français !", avait lancé à l'exécutif le député UMP Jacques Myard.

Six jours plus tard, le 17 mai, de nombreux députés s'affichent contre les annonces gouvernementales à l'Assemblée nationale. A la réunion du groupe UMP, ils sont plusieurs dizaines à s'enflammer contre le premier ministre et dénoncent un manque de concertation du gouvernement avec les élus. Jean-Marc Roubaud, député du Gard, menace de "se suspendre de l'UMP" si ces mesures ne sont pas... suspendues. "Vous ne savez plus quoi inventer", se plaint Yves Albarello, élu de Seine-et-Marne, pour qui les images télévisées des premiers panneaux démontés ont eu un effet "désastreux". "Pendant tout le week-end je me suis fait insulter", relate l'élu de Seine-et-Marne. "On n'arrête pas de s'en prendre plein la gueule", renchérit Richard Mallié (Bouches-du-Rhône), dénonçant une précipitation "inacceptable". Chacune de ces interventions est ponctuée par une salve d'applaudissements, pendant que M. Fillon, à la tribune, ronge son frein sans dissimuler son exaspération.

… [En apprenant qu'il] n'est pas question pour l'exécutif de renoncer à supprimer les panneaux prévenant de la présence de radars fixes ni de revenir sur une seule des mesures de sécurité routière annoncées par le gouvernement [, les] parlementaires s'exaspèrent un peu plus :… "Le gouvernement est dans sa bulle, estime Yves Albarello, sourd aux attentes de milliers de Français." "On est foutus ! Vos mesures, c'est une catastrophe électorale. Avec ça, on a perdu les élections", lâche Jean Auclair, député UMP de la Creuse, au cours de la réunion.

Entre le gouvernement et plusieurs parlementaires, la tension monte. Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, dénonce "l'arrogance" du gouvernement, qui, "en jouant le rôle de l'exécutif courageux contre des parlementaires soucieux de leur électorat, prend un risque. (...) Sur le budget, la fiscalité, la dépendance, l'exécutif a encore besoin d'une majorité", avertit le député dans une menace à peine voilée.

Le public comme les députés UMP sont désorientés par le discours à géométrie variable de l'exécutif. Mais celui-ci correspond à celui du président de la République. Alors que, jeudi 26 mai, le président Sarkozy prônait la fermeté dans les colonnes du Figaro, en mai 2007, le candidat était comme les députés UMP aujourd'hui , soucieux de ne pas fâcher une partie de son électorat. Il déclarait d'ailleurs sur RTL qu'"il serait scandaleux d'enlever les panneaux qui préviennent".


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