2011/05/20

Après l'affaire Enron, la justice américaine voulait montrer que nul n'est au-dessus des lois, quels que soient sa fortune ou son nom

Certaines associations ont protesté contre une pratique qui va à l'encontre de la présomption d'innocence, estimant contradictoire que l'accusé ait le droit de se taire (en vertu du 5e amendement) mais pas d'interdire que son image soit utilisée contre lui, avant même qu'il ait comparu devant un jury.
Pourtant, explique Corine Lesnes dans Le Monde, le traitement réservé à Dominique Strauss-Kahn est habituel dans les procès américains.
Mais les tribunaux ont autorisé les perp walk à condition qu'elles servent un but légitime : dissuader d'éventuels criminels ou éduquer sur le travail des forces de l'ordre.

…Après l'affaire Enron, la justice voulait montrer que nul n'est au-dessus des lois, quels que soient sa fortune ou son nom. Il arrive aussi que les procureurs proposent de surseoir au perp walk si le suspect accepte de coopérer. Le prévenu décide de se livrer et il arrive au palais de justice de son plein gré.
En outre, continue Corine Lesnes dans Le Monde, depuis l'affaire Polanski, les Américains se méfient de la justice française :

« Imaginez le cirque juridique, médiatique et diplomatique si Strauss-Kahn avait réussi à retourner en France, qui, comme on le sait depuis l'affaire Polanski refuse d'extrader ses ressortissants », écrit Richard Brody, éditeur au journal New Yorker. « Voilà un pays qui, après tout, a accueilli à bras ouverts Roman Polanski quand il s'est enfui après avoir plaidé coupable de viol de mineure en Californie », ajoute Philip Gourevitch, du même magazine.

La France est jugée complaisante pour ce qui est des scandales de moeurs. Et la justice - des non-lieux contre les hommes politiques à la remise en liberté du chanteur Bernard Cantat - n'inspire pas une confiance absolue. « On peut se demander si nous aurions même eu vent des accusations contre DSK si les faits s'étaient déroulés à Paris. Les pressions qui auraient été exercées sur une immigrée africaine et mère célibataire s'efforçant de joindre les deux bouts l'auraient convaincue qu'il était dans son intérêt de se taire », écrit Judah Grunstein sur le blog World Politics Review.

« Ce que les Américains nous disent c'est : vous les Français, vous êtes coulants avec les puissants, explique le juriste de Washington. En ce moment, ils nous donnent une leçon de justice. »

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