2010/10/19

La démocrature (entre démocratie et dictature) : une menace ténébreuse lorsqu'elle est de droite, une chose infiniment utile lorsqu'elle est de gauche

La démocratie est installée depuis vingt ans en Hongrie
écrit Marion Van Renterghem dans Le Monde.
On peut y parler ouvertement, créer des partis politiques, incendier le gouvernement dans la presse, bénéficier des largesses d'une loi sur la liberté d'expression où rien n'est sanctionné, pas même les propos racistes ou antisémites.
Et pourtant, demande l'envoyée spéciale à Budapest,
Faut-il avoir peur de Viktor Orban ? … le premier ministre conservateur et nationaliste, 47 ans, triomphalement élu en avril, n'est plus celui qui avait dirigé le pays de 1998 à 2002. Pour la première fois, il a tous les pouvoirs. Son parti, le Fidesz, dispose d'une écrasante majorité et les élections municipales du 3 octobre ont confirmé son emprise. … L'écrivain [György Konrad] a sa définition du nouveau régime : une "démocrature", entre démocratie et dictature.
En une page entière, Le Monde regrette que
le premier ministre [ait] la majorité des deux tiers au Parlement, le contrôle total de l'appareil législatif et exécutif. Face à lui, … aucun contre-pouvoir solide.
Le Monde regrette cette montée du "populisme" dans laquelle on prône
l'ordre et la stabilité, plutôt que la liberté ou la démocratie.
Et pourtant, en lisant l'article de Denis Lacorne sur les Tea Parties — qui met les lecteurs en garde contre les "partisans de l'ultralibéralisme" et contre les opinions "délirantes" de l'opposition à Washington (et au parti au pouvoir), ainsi que contre le danger d'"une complète paralysie législative" si, par (le plus grand des) malheur(s), elle devait gagner trop de sieges — on a l'impression que rien ne ferait plus plaisir au Monde et aux élites de France qu'une "démocrature" aux États-Unis.

On voudrait que Barack Obama ait "tous les pouvoirs." On voudrait que "Son parti," le Parti démocrate, "dispose d'une écrasante majorité". On voudrait que Obama ait "la majorité des deux tiers au Parlement, le contrôle total de l'appareil législatif et exécutif." Et on voudrait que "Face à lui, [il n'y ait] aucun contre-pouvoir solide."

En fin de compte, il n'y aurait rien de mieux qu'une "démocrature" lorsque cette démocrature est de gauche, s'entend, et aux mains d'un Grand Timonier (inter?)national comme Barack Obama, guide spirituel de la nation américaine (et de la planète toute entière)…

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