2009/01/08

Le mot "humanitaire" nous est servi désormais à toutes les sauces

Qui a inventé le mot "humanitaire" ?
demande Robert Solé dans Le Monde.
S'il a déposé un brevet, cet heureux linguiste doit être milliardaire. Le mot nous est servi désormais à toutes les sauces.

Dès le premier coup de canon tiré à Gaza, la machine à fabriquer du charabia s'est mise en marche. Tandis que l'Union européenne réclamait "l'ouverture d'un espace humanitaire", la France militait activement pour "un cessez-le-feu humanitaire". En 2009, un cessez-le-feu n'est plus suffisant pour arrêter le feu : il doit être humanitaire.

C'est un adjectif généreux, capiteux, qui sonne bien en bouche et donne de la profondeur à la phrase. "Il y a urgence humanitaire", nous a-t-on expliqué, parce que, "menacé d'une catastrophe humanitaire", Gaza "s'enfonce dans le chaos humanitaire".

Il n'y a plus de pertes humaines. Aujourd'hui, on compte les morts et les blessés pour dresser le bilan des pertes humanitaires. Exit l'humanité, notion ringarde et un peu courte : en cette époque médiatique de bruit et d'enflure, il faut faire preuve d'humanitaire. Rien n'est plus grave que le crime contre l'humanitaire.