2008/08/09

Rwanda : l'affaire n'est pas si simple

E VERDICT est sans appel : « La France a participé à la mise en exécution du génocide » des Tutsis du Rwanda. Le récit des années de guerre de la France au Rwanda (1990-1994) rédigé par les sept rapporteurs rwandais est terrifiant. Complicité dans la préparation et l'exécution du génocide. Complicité aux plus hauts échelons politiques, diplomatiques et militaires, entraînement des soldats et des milices hutues, livraisons d'armes et de munitions. Et, sur le terrain, participation aux tueries ou passivité complice face aux tueries, assassinats, viols, tortures, pillages.
Après avoir fait une introduction aux tous derniers développements du génocide de 1994, Rémy Ourdan nous fait un hola dans son "Eclairage" (Le génocide au Rwanda, un devoir de vérité) : Rémy Ourdan nous exprime (non sans raison) ces paroles édifiantes :
Mais l'affaire n'est pas si simple.
Et d'évoquer toutes les raisons pour lesquelles — en effet — "l'affaire n'est pas si simple." Rien de bien controversé là. Au contraire. Sauf que : on aurait aimé que les Américains — oui, même Bush et les néoconservateurs — aient fait l'objet d'autant d'indulgence ou de compréhension (que ce soit en Irak ou ailleurs).

Nous parlons du massacre de près d'un demi-million (des centaines de milliers) de Tutsis. Se souvient-on de l'hystérie, de la scandalisation, et de la colère, que dis-je, de la furie, de la virulence, quant au déces de milliers d'Irakiens en et après 2003 dont le destin serait entièrement imputable aux USA? Quelle différence de ton. (Nous ferons remarquer que ce post ne prend aucunement parti quant à la responsabilité, entière ou partielle, de la France — voir, à ce propos, Paris ne veut pas répondre aux accusations du Rwanda par Philippe Bernard et Arnaud Leparmentier — seulement, il fait valoir les différences, en France, entre le traitement de la France et celui des États-Unis, tant par les médias que par les citoyens français (influencés, comme ces derniers le sont, par ces mêmes médias).)
L'attitude de la France, qui affirme depuis 1994 qu'elle n'a rien à se reprocher, n'est pas tenable. Par ailleurs, la tractation diplomatique — retrait des accusations Bruguière contre retrait des accusations rwandaises —, dont on sent qu'elle est une tentation tant à Paris qu'à Kigali, ne pourrait faire disparaître les terribles soupçons qui pèsent sur la France.
"L'attitude de la France … n'est pas tenable." Se souvient-on des accusations, bientôt (aussitôt!) prises pour argent comptant, pour des faits, contre les "mensonges" de Bush? Quelle différence de ton, quand même ! En effet :
Mais il existe … envers les victimes et les survivants, un devoir de vérité.
On est tenté de croire qu'un article sur les dirigeants de Washington aurait aussitôt évoqué le mot mensonges. Et là, on aurait ajouté toutes les manières pour punir les (dirigeants) Américains — défaite souhaitée aux élections, humiliation de diverses sortes, voire comparution devant un tribunal international. Qu'en est-il de la France ?
L'enjeu est d'établir avec exactitude les responsabilités dans le dernier génocide du XXe siècle.
Tout simplement. Quelle différence de ton !



Par ailleurs, la réaction des Français est assez illuminatoire :
Quelle différence de ton !

Mise à jour : Un rapport rwandais à prendre au sérieux par Jean-François Dupaquier

Mise à jour 2 : voir aussi la différence de ton des pacifistes (sic) français par rapport à la guerre dans le Caucase… (Des combats, la guerre (cf. en Irak), impliquent des troupes américaines ? On accuse les Américains, on les accuse d'être des criminels — et ce en les couvrant de bile ; des combats, la guerre (dans le Caucase), impliquent des troupes non-américaines (en l'occurrence, russes) : On accuse… aussi les Américains (!) et aussi en les couvrant, eux, de bile (!))

Mise à jour 3 : Quant à la mort tragique de 10 soldats français en Afghanistan, elle est évidemment à mettre sur le dos …des Talibans? Nooonnn… Vous connaissez bien sûr le coupable — l'un des nombreux commentateurs à fustiger… l'Oncle Sam (who else?) ajoutant que la guerre des années 1980 est aussi le fait des Américains, décrivant le conflit ainsi : "Les terroristes afghans étaient les amis des USA (qui les ont formés, armés, reçus à la Maison Blanche) contre le régime laïc soutenu par l'URSS." Noter les descriptions positives de la présence soviétique, à comparer avec sa description de la présence américaine et UNOCAL "à capitaux Bush, dont est issu Hamid Karzaï, soi disant Président démocratique". Et pour couronner le tout, on appelle le 11 septembre "probablement une attaque préventive de Bin Laden" (!)

Le Chaos et le Bourbier dans les Médias Français: Premiers signes d’ébranlement des récitations sur le “chaos” et le “bourbier” irakien ?

Que ce dernier et tout récent papier de Libération, discrètement glissé en bas de page comme il se doit, qui nous apprend, avec toutes les ressources d’atténuation que peut permettre la langue de Descartes, la petite bombe médiatique selon laquelle le cowboy Bush serait, contre toute attente et les tombereaux de désinformation et de quasi-injures déversées sur lui pendant cinq longues années … sur le point de gagner son pari en Irak ?
Comme à on habitude, JC Durbant n'y va pas — contrairement à Libération et… certains de ses confrères — par quatre chemins. (Lire, à ce propos, aussi l'éditorial de l'Investor's Business Daily.)
Après Le Monde et Le Figaro (à la suite de leurs confrères américains), et à présent Libération, l’évidence commencerait-elle, comme le suggère encore le chroniqueur du Figaro Ivan Rioufol, à “ébranler les récitations sur le “chaos” et le “bourbier” irakien”?

…serait-ce … la confirmation du début du massif rétropédalage que vont être obligés d’effectuer nos journaux de révérence français pour cacher leurs traces du dérapage médiatique collectif du printemps 2003 (en fait une véritable entreprise de guerre médiatique asymmétrique !) qu’avait dénoncé, en en payant le prix, l’un de leurs ex-collègues Alain Hertoghe?



Par ailleurs, JC Durbant a pendant longtemps animé son blog sur la blog-liste du journal Le Monde. À présent, pourtant, on n'arrive à accéder ni au blog ni à ses archives. (D'où, par ailleurs, l'ouverture — toute naturelle — d'un… nouveau blog.) On ose espérer que ce n'est pas Le Monde lui-même qui a mis terme à (qui a censuré?) ce blog parce que JC Durbant était critique (et cela, preuves à l'appui, et sans jamais être injurier) à l'encontre du journal de référence. Est-ce une décision de l'intéressé ? Ou du journal ? L'ont-ils contacté auparavant ? Ou l'ont-ils mis devant le fait accompli — avec la perte conséquente de toutes ses archives ? (Peut-être JC Durbant voudra bien nous en dire un peu plus?)