2008/03/15

Traduction durcie à profit idéologique

Une rumeur, qui semble loin d'être infondée, voudrait que la vaste majorité des journalistes (des employés?) du Monde votent non seulement à gauche mais pour Olivier Besancenot, le chef du LCR (parti éminemment (sic) représentatif de la population française — et mondiale).

Cette rumeur semble plus que fondée par la traduction de l'article sur les élections espagnoles écrit par Javier Moreno, directeur d'El País. Dans le sous-titre (de la version papier du Monde) de l'article, s'étonnera-t'on de voir des a prioris anti-droite pro-gauche ?
La droite revancharde a perdu les élections.
Reste aux socialistes à définir leur projet pour le XXIe siècle.
Seul problème : la version originale, plus nuancée, ne disait rien de tel. ("Après le 9 mars , le Gouvernement et le PP ont devant eux des tâches colossales. Le premier doit corriger ses erreurs et apprendre à écouter les critiques; le deuxième, effacer des vices franquistes et s'assimile à ses collègues européens".)

Ne pourrait-on pas dire de quelque parti d'opposition que ce soit (même de gauche) qu'il est revanchard ? Ne pourrait-on évoquer "leur projet pour le XXIe siècle" pour n'importe quel parti, même de droite, même un parti d'opposition (de droite ou de gauche) ?

Bien sûr. Mais comme d'habitude chez Le Monde, c'est la droite qui est teintée de négativité, voire diabolisée, alors que la gauche est portée aux nues.

Ce n'est pas la première fois que des traducteurs "activistes" — à moins que ce ne soit une décision prise par les rédacteurs juste avant la parution du papier (cela me semble plus crédible mais cela revient au même) — veuillent "améliorer" les articles étrangers qu'ils publient dans le quotidien de référence…

Par ailleurs, La Bannière Étalée donne des exemples très concrets de papiers de journalistes du Monde qui semblent avoir été plutôt objectifs à l'origine mais qui auraient été "améliorés" — à profit idéologique (plutôt que pour des raisons déontologiques ou factuelles) — avant la parution du journal.

Mise à jour :
Aux dernières nouvelles, la page des réactions — qui contenait un commentaire similaire (quoique raccourcie) du post que vous êtes en train de lire — de cet article était étrangement "introuvable".

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N'imaginons pas d'histoires : espérons que ce n'est qu'un bémol, temporaire, et que le sujet de l'un ou de l'autre des réactions n'y est strictement pour rien…

Mise à jour nº 2 :
Apparemment, ce sont toutes les pages de réactions du Monde qui sont (momantanément?) indisponibles. Pour citer Robert Marchenoir,
C'est en effet assez caractéristique de la mesquinerie du Monde.fr et de son mépris envers ses lecteurs.

Tout comme la limite de longueur, qui n'a aucun sens dans le monde numérique.

Idem pour leurs méthodes marketing d'abonnement payant. J'en ai acheté un une fois, pour voir. Outre que les règles sont incompréhensibles, quand vous essayez de vous désabonner, on tente de vous en dissuader par tous les moyens.
Mise à jour nº 3 :
Bonne nouvelle : les pages réaction sont visibles de nouveau…

2008/03/10

"Ingrid m'a demandé ce que je faisais avec les trois Américains, puisque c'étaient les ennemis des FARC"

Martin Sombra [ancien geôlier des FARC] a enseigné des rudiments d'espagnol aux trois Américains capturés en 2003. "Ils m'ont bien eu. Ils me disaient sanavebitch (son of a bitch, "fils de pute") et je croyais que cela voulait dire montagne. Après j'ai su", raconte le guérillero. Il riait tellement avec les "gringos" que les politiques ont fini par être jaloux. "Ingrid m'a demandé ce que je faisais avec eux, puisque c'étaient les ennemis des FARC", dit-il.
«les politiques ont fini par être jaloux, écrit Marie Delcas dans Le Monde. "Ingrid m'a demandé ce que je faisais avec [les trois Américains], puisque c'étaient les ennemis des FARC"». Faut-il conclure du témoignage de l'ancien geôlier des FARC dans l'hebdomadaire colombienne Semana que même l'emprisonnement n'est pas assez pour guérir un(e) Français(e) de sa jalousie mesquine, de son anti-américanisme suffisant, de ses tendances de moralisateur (même auprès de… son geôlier!), et de sa passion aveugle pour les révolutionnaires de tout bord — ceux-là même qui le/la tiennent prisonnièr(e) ? Espérons que non…

Écoutez : je ne demande qu'une chose — c'est de croire à l'histoire d'Ingrid la martyre. Mais que faut-il conclure d'après le récit de son ex-geôlier ? Qu'Ingrid leur donne des conseils, aux FARC (à ses geôliers) ? Qu'Ingrid fait copain-copain avec les FARC, ses geôliers, et leur explique qui sont leurs ennemis (on s'en doute, les Américains fourbes et traîtres) ? Qu'Ingrid leur montre sa désapprobation hautaine quand les FARC, ses geôliers, fraternisent avec les "mauvais" prisonniers ? (Avec les "bons" prisonniers comme elle-même, ils ont le "droit" de se comporter de manière différente ?) Peut-on imaginer John McCain donnant des conseils semblables à ses geôliers nord-vietnamiens ?

Quelles sont-elles, les convictions d'Ingrid dont on nous parle ? Est-ce que c'est que les Ricains ainsi que leurs alliés (Uribe) ne sont autre chose que des "loups" fourbes et avides de sang et que quiconque les combat — comme les FARC, ses "geôliers" — sont des êtres braves et preux ? Écoutez : moi, je veux bien qu'après six ans dans la jungle, on dépeigne Ingrid Betancourt comme la martyre ; je veux bien que lorsque quiconque met en doute le martyre d'Ingrid Betancourt, les boucliers se lèvent en masse et les accusations remplies de rage, de bile, et de mépris fusent de tout part. Mieux : je ne demande qu'à les croire. Mais enfin : cet article, il est là ! Ce témoignage, il est là !
"El problema fue que los políticos se pusieron celosos porque a mí me gustaba sentarme a hablar mierda con los gringos y me daba la noche con la barriga adolorida de reírme de ellos. Íngrid me llamó y me hizo el reclamo. Me dijo que qué hacía yo con esos gringos, que si acaso ellos no eran los enemigos de nosotros (Farc)." — Martín Sombra alias Helí Mejía, ancien geôlier des FARC
Je le repète : je ne demande pas mieux qu'on me donne une raison, deux raisons, des tas de raisons, de ne pas y croire et de croire plutôt à l'histoire d'Ingrid la martyre et de l'histoire d'Ingrid la battante. Dites-le moi, alors, que j'ai tort de faire preuve de sceptisme, je ne demande qu'à y croire, je le repète, je ne demande qu'une chose — c'est de croire à l'histoire d'Ingrid la martyre.…