2006/07/05

Les Européens ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe en Russie, en Chine, dans le monde arabe ou africain, en Israël, ou même aux Etats-Unis

Le Monde avait choisi le 4 juillet pour un chat avec l'homme qui avait inventé le terme "hyperpuissance" (et cela, comme nous le rappelle Steve, avant l'avènement de George W Bush à la présidence des États-Unis, c'est-à-dire durant la présidence de Bill Clinton qui, on nous le rappelle constamment, était censé représenter une Amérique (plutôt) sage et lucide) — rendant ainsi tout débat et toute discussion inutiles puisqu'avec cette expression, l'Oncle Sam se trouve automatiquement en position d'erreur dans toutes les instances le concernant). Cela dit, certaines parties du chat avec Hubert Védrine sont forts intéressants.
…ce serait une erreur de ramener cet affrontement [la guerre contre le terrorisme] entre quelques milliers de terroristes et, d'autre part, le monde occidental et la plupart des régimes arabo-musulmans modérés, à une affaire d'énergie. C'est évidemment secondaire dans la démarche d'Al-Qaida, et je ne crois pas que cela ait joué un rôle essentiel dans la guerre en Irak. Si les Etats-Unis avaient été préoccupés par cette seule question, ils auraient fait modifier le régime des sanctions de l'ONU contre Saddam Hussein, et ils auraient facilement obtenu de ce dernier un quasi-monopole de l'accès au pétrole irakien.
There are things that even France's former foreign minister can not deny. Among the things that Védrine has to admit is the fact of Europeans' self-obsession (and their concomittant inability — and unwillingness — to understand anything beyond their own borders):
Les Européens ont du mal à le comprendre, mais il est vrai qu'ils sont devenus tellement ingénus, ils croient tellement que ce sont leurs croyances actuelles qui sont normales, alors qu'ils ne sont que 500 millions sur 6,5 milliards d'habitants, qu'ils ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe en Russie, en Chine, dans le monde arabe ou africain, en Israël, ou même aux Etats-Unis.
Dans le chat modéré par Constance Baudry, Védrine termine en disant qu'
aujourd'hui, tout le langage de la politique étrangère a repris les formules qui étaient celles de la gauche naguère : paix, communauté internationale, coopération, multilatéralisme, prévention des conflits, etc [et qu'une] vision des années 1990 (communauté internationale, grands sommets de l'ONU, etc.) était une illusion d'optique. Il nous faut une politique plus réaliste et plus active.

2006/07/04

Dans le doute, le silence est d'or

Le nom du New York Times
fait plus que jamais figure d'épouvantail dans le pays républicain profond.
Personne ne s'étonnera qu'avec des expressions comme "un ton carrément menacant", Corine Lesnes parvient à donner une vision a priori négative et des États-Unis en général et des conservateurs en particulier — sans parler de la liberté de la presse — dans son article du Monde sur la presse américaine. Or, la première phrase dément tout à fait la vision horrifique d'une Amérique zombie à genox devant Fox News.
Aux Etats-Unis, l'une des activités préférées des militants conservateurs est d'attaquer la presse "de gauche" — soit tous les médias, de leur point de vue, à l'exception de la chaîne de télévision Fox News.
Ce que confirme bien ce que nous avons écrit par le passé sur la chaîne et sa (manque relative de) popularité. Relire surtout l'article de Stéphane.
Des lecteurs ont été choqués que Le Monde reprenne [une scène de ménage du ministre des affaires étrangères], révélée par Le Canard enchaîné. Nicole Truffaut (Compiègne), par exemple, dénonce "un article de concierge, fait de ragots de bas étage, sur la vie privée du ministre".
Entretemps, nombre de lecteurs ont écrit au médiateur du Monde pour se plaindre du traitement de Philippe Douste-Blazy.
"Le ton perfide de cet article m'a profondément déplu. Je l'ai trouvé humainement blessant et intellectuellement peu convaincant."
Et à Robert Solé d'entonner un
Où s'arrête la légitime information des citoyens ? Où commence le voyeurisme ? Un événement privé ne mérite de figurer dans Le Monde que dans deux circonstances : s'il a une incidence sur la vie publique ou s'il est indispensable pour connaître la personnalité d'un dirigeant.

La règle ne s'applique pas mécaniquement. Chaque cas appelle une évaluation. Mais, dans le doute, le silence est d'or.
Très bien. Mais les indignations des uns et les mea culpa des autres ne sont nullement le genre d'attitude qui est souvent prôné lorsqu'il s'agissait de traiter du manque de connaissances internationales de Bush ou de son pretzel avalé de travers la gorge. Voilà un "événement privé" qui mérite de figurer dans Le Monde ; voilà qui n'est aucunement "des ragots de bas étage" (loin de là) , voilà qui est, au contraire "intellectuellement" trés "convaincant". Et pour cause : là, il s'agit des Ricains (ou de leurs leaders) qu'il convient de fustiger à tout moment!