2004/12/10

L'Occident comme on l'aime : intraitable devant les régimes brutaux, corrompus, antidémocratiques

La perte de l'intérêt commun venait de haut
note Ivan Rioufol dans son bloc-notes, en évoquant une "incohérente mobilisation des cheminots", "une énième manifestation de «profs» qui ne savent plus pourquoi ils défilent", "un fils de président de la République, Jean-Christophe Mitterrand, condamné à trente mois de prison avec sursis pour fraude fiscale", et — last but not least — "le procès des écoutes de l'Elysée [qui] dévoile chaque jour un peu plus comment son père a pu s'égarer à ce point dans ses préoccupations personnelles et y entraîner l'Etat."

En ce qui concerne la pensée unique, les
ratonnades insulaires [des Corses] sont une aubaine pour les apôtres de l'universalisme, qui assurent que les préservations culturelles ne peuvent conduire qu'à ces intolérances. Ces démagogues tiers-mondistes interdisent d'aborder l'immigration autrement qu'en faisant applaudir la France terre d'accueil. Mais la société cosmopolite qu'ils préconisent est-elle meilleure garante de la paix civile ? Les Pays-Bas viennent de démontrer le contraire, après le meurtre de Theo Van Gogh par un islamiste. Le pays de la tolérance risque de se couper en deux. …
Pour ce qu'il en est de l'Ukraine, Rioufol ajoute :
Ne rien faire qui puisse affaiblir les démocraties européennes. Telles qu'elles sont, elles restent l'exemple qui fait espérer les Ukrainiens menacés par la guerre civile. C'est en référence aux valeurs occidentales que les partisans de Viktor Iouchtchenko ont trouvé l'énergie, ces dernières semaines, pour tenir tête aux pressions de la Russie de Vladimir Poutine. Ce dernier aura tenté vainement d'imposer — par la fraude, la menace, les coups tordus — son candidat Viktor Ianoukovitch, faussement élu à la présidence le 21 novembre.

L'Occident comme on l'aime : intraitable devant les régimes brutaux, corrompus, antidémocratiques. La Russie est encore de ceux-là : elle ignore les droits de l'homme, bourre les urnes, empoisonne ses adversaires (Iouchtchenko, aujourd'hui défiguré, en sait probablement quelque chose). Parce que l'Europe nous avait habitués à faire sa révérence à la Turquie aux semblables travers et à des Etats infréquentables ...

L'Europe démocratique doit être à la hauteur de l'admiration qu'elle suscite à l'est, en restant exemplaire. Elle a déjà réussi à faire tomber le masque du président Russe — cet allié encensé par la France et l'Allemagne durant le conflit irakien — qui a déclaré cette semaine : «Nous, en Russie, nous ne pouvons appuyer un tel développement de la situation (en Ukraine), même si quelqu'un le qualifie de démocratie.» …

2004/12/09

"On a peut-être sous-estimé … son attachement acharné aux valeurs de la démocratie…" De quel humaniste Le Figaro peut-il bien parler?

Étonnant !

Après le passage — obligé — sur les "énormes bévues" des Américains en Irak, Renaud Girard évoque "les succès réels obtenus, ailleurs, par la diplomatie de George W. Bush." Et à l'éditorialiste du Figaro d'encenser le président américain : "Son attachement acharné aux valeurs de la démocratie commence à porter ses fruits à travers le vaste monde."

Pas d'ironie, pas de rires moqueurs, pas de crachats de colère? Non. Suivent des exemples concrets — Kaboul, Ukraine, Proche-Orient… Nous pouvons même lire (toujours sans connotation négative) : "On a peut-être, en France, sous-estimé George Bush" (!)

Une citation de Renaud Girard que j'aime particulièrement :

C'est une tactique vieille comme le monde que d'accuser un adversaire des mauvaises intentions qu'on a soi-même.
Elle concernait Vladimir Poutine, mais ne pouvait-elle pas, à l'occasion, aussi évoquer la France, le "camp de la paix", Jacques Chirac ? …

2004/12/06

Abou Ghraib et Abidjan : quand "il s'agit de la France, de Chirac, du camp de la paix, pas de tollé, pas de protestation"

Bruno José Lebeau compare Abou Ghraib et la Côte d'Ivoire :
Que n’aurait on entendu à la radio, lu dans les journaux et vu à la télévision, si Donald Rumsfeld avait osé déclaré pendant l’affaire Abu Ghraib ce que Michèle Alliot Marie a lancé mardi soir à propos des tirs de l’armée française contre une foule désarmée en Côte d’Ivoire ?

Imaginons un seul instant, que Rumsfeld donc, eut déclaré « il y a eu visiblement des provocations qui avaient pour but d'essayer de faire perdre leur sang froid aux militaires » pour justifier ce qui se passa à Abu Ghraib.

Imaginons même que Rumsfeld eut ajouté : "Il est évident que si la situation d'attaque, de menace, contre des ressortissants étrangers se produisait, nous assumerions exactement de la même façon que nous l'avons fait précédemment, nos responsabilités"

Le tollé général eut probablement suivi de tels propos, et non sans raison d’ailleurs.

Et à Bruno José Lebeau de faire une liste de quatre contrastes entre la réaction de l'administration Bush face aux évènements impliquant leurs militaires à Abou Ghraib et la réaction du gouvernement français face aux évènements impliquant leurs militaires en Côte d'Ivoire. (Allez vite les lire…)
Si tout cela, ces actes, ces paroles [de Michele Alliot Marie et du gouvernement français], venaient de l’Amérique de Bush, celle-ci serait probablement dénoncée, désignée comme « fasciste », et un tollé mondial serait organisé par les gauches mondiales qui ne manqueraient pas une telle occasion de faire vite fait, bien fait, le procès des Etats-Unis dans des medias largement complaisants. Mais puisque il s’agit de la France, de Chirac, du camp de la paix, pas de tollé, pas de protestation.

2004/12/05

On a eu affaire à des choses bien pires que Falloudjah…

N'oublions pas la distance que nous avons réussi à parcourir est le type d'article qu'on aimerait voir un peu plus souvent dans Le Monde ou Le Figaro…

Qui a tué Pandora Swifer ?…

Soudain Umma sentit une ombre inquiète chercher quelque chose en elle et regarda instantanément Nim. Une force venant de lui semblait vouloir faire...
Lucien Oulahbib, webmaistre de La Minute du Sablier, a écrit un roman fantastique du nom de L'Oeil brisé.
Le monde des images est dorénavant un continent que les humains explorent pour le meilleur et pour le pire. Un dramaturge, Nim Myotis, cherche à réconcilier la multiplicité avec l'universalité dans un Opéra censé en incarner l'harmonie. Il recherche une héroine qui pourrait en être l'Etoile parce qu'elle incarne l'époque et en même temps la possibilité de la surmonter. Mais dès qu'il la trouve, il se heurte à une bande de criminels dont le chef est amoureux fou de l'héroine choisie par le dramaturge. Il cherche par tous les moyens à ce que cet Opéra ne se joue pas...
Soudain Umma sentit une ombre inquiète chercher quelque chose en elle et regarda instantanément Nim. Une force venant de lui semblait vouloir faire courber ses épaules et déformer l’aspect gracile de son maintien. Elle n’en eut cure, elle connaissait ses objections sur le déluge, et redressa les épaules contrebalança la pression par un surcroît de souplesse et un demi-sourire espiègle. Nim ne put échapper à son rayon d’action et fut bien obligé de reconnaître tout d’abord qu’elle le faisait toujours frissonner malgré ses inepties sur la "colère des éléments". Mais il résista et se demanda si leur divergence se traduisait également par une amorce d’indifférence plastique des souffles et des attitudes intimes d’Umma.